AlainH

 

 

 

 

 

 

L'EAU AU JARDIN, SOYONS ECONOMES!

Ces dernières années, on a beaucoup parlé de sécheresse, et de la nécessité d'économiser l'eau, c'est-à-dire de gérer cette richesse naturelle. Ajoutez à cela la constatation que sur les dernières factures d'eau, les frais de gestion et de traitement ont augmenté, et nous voilà convaincus de la nécessité de ne plus "gâcher" l'eau. Cependant il n'est pas question de laisser mourir de soif les plantes du potager et du jardin d'agrément! Alors comment agir judicieusement?

Faut-il arroser tous les jours, mais peu, de façon que la terre soit juste mouillée en surface? Il ne faudra pas s'étonner que les plantes flétrissent à la première sécheresse! En effet les racines se développent dans la portion de terre humidifiée; si celle-ci est superficielle, la moindre grosse chaleur l'asséchera rapidement; les racines manquant d'eau, la plante souffre et dépérit. Non seulement la chaleur, mais aussi le vent, est responsable de l'évaporation de l'eau.

1. L ' ARROSAGE

COMMENT ARROSER

Cela dépend du sol:

    Il va sans dire qu'une terre sablonneuse retient moins bien l'eau qu'une terre argileuse. Arroser copieusement une fois par semaine, au lieu d'un petit peu tous les jours, est valable dans une terre lourde et compacte où l'eau doit descendre jusqu'au racines. Dans une terre légère et perméable, incapable de stocker l'eau, il faut au contraire arroser plus souvent mais moins copieusement.

Cela dépend des plantes:

    Les conifères par exemple apprécient d'être douchés de haut en bas, notamment en été après une journée de chaleur. Les rosiers par contre n'aiment pas les douches, car l'eau endommage les pétales de fleurs (regardez-les après une forte pluie!); en outre sur certaines espèces un peu sensibles une atmosphère trop humide favorise le développement de certaines maladies: taches noires, oïdium, et autres moisissures sur tomates, bégonias, asters etc.
    Certains végétaux se sont carrément adaptés à la sécheresse en se dotant des moyens de réduire l'évaporation de leur eau: plus de feuilles ou alors de petite taille ( oeillets de rocaille, thym, cactus), feuillages gris et duveteux ou laineux ( stachys, santoline, bouillon blanc, thym laineux etc.), feuilles charnues stockant l'eau (joubarbes, sedum, cactus): trop d'eau risque de les faire pourrir.
    En général, les plantes apprécient d'être arrosées doucement au pied. Une cuvette d'arrosage permet d'économiser l'eau, en la gardant près de la plante à laquelle elle est destinée.
    Le tourniquet ne fait pas la différence, il arrose les assoiffés comme les chameaux, les endurcis comme les sensibles.

QUAND DOIT-ON ARROSER?

  • Quand les plantes ont soif ! Mais pas à n'importe quel moment de la journée.
    Arrosez le soir, ou tôt le matin, pour permettre à l'eau de pénétrer profondément dans la terre avant que la chaleur de la journée ne la fasse évaporer. On peut penser raisonnablement qu'une grande partie de l'eau distribuée par aspersion (tourniquets, jets etc.) de jour et en pleine chaleur, s'est évaporée avant même de bénéficier aux plantes, sans parler des quantités d'eau inondant en pure perte les chemins dans le jardin, voire les trottoirs, et même la rue. Le voisin n'est pas forcément ravi de bénéficier de cet arrosage intempestif, surtout s'il fait une petite sieste dans son jardin ou qu'il y organise un goûter d'anniversaire.

  • Il est également déconseillé de doucher les plantes en plein soleil, à cause du risque de brûlures occasionnées par les gouttes d'eau sur le feuillage, où elles constituent autant de minuscules loupes concentrant la chaleur des rayons solaires. Et puis la plupart des plantes tout comme la plupart d'entre nous, n'apprécient pas du tout un chaud et froid: une eau froide sur le feuillage chauffé par le soleil, de quoi attraper un rhume!

  • Si cependant vous avez remarqué qu'une plante en particulier a grand soif, au point de laisser pendre les feuilles ou la tête, rien ne vous empêche de lui donner à boire, même si c'est en plein soleil: il suffit de l'arroser copieusement et doucement au pied, en évitant soigneusement de mouiller le feuillage.

QUI A PARTICULIEREMENT SOIF?
  • Tout d'abord les semis et les jeunes plantules.

  • Ensuite tous les nouveaux venus au jardin. Ainsi après la plantation, même si la terre est humide, arrosez copieusement la plante au pied: chassant les poches d'air, la terre se tasse autour des racines et celle-ci reprennent mieux. Il convient d'arroser régulièrement et suffisamment les nouveaux arbres pendant toute l'année qui suivra leur plantation pour leur permettre de refaire de nouvelles racines.

  • Et puis: toutes les plantes qui par nature poussent dans une terre plus ou moins humide ou du moins fraîche, choisissez-leur une situation plus ombragée, abritée du vent. Ainsi les plantes de terre de bruyère (rhododendrons, azalées, érables japonais, fougères...) viennent mieux à l'ombre ou mi-ombre, en partie parce que leur terre légère et souple sèche trop rapidement au soleil.

  • Ont également plus souvent besoin d'eau toutes les plantes cultivées en pot. La taille du contenant limite les réserves en eau, et les pots sont encore plus exposés à l'action de la chaleur et du vent. Encore faut-il tenir compte des besoins spécifiques des plantes: certaines comme le géranium demandent peu d'eau et trop d'humidité leur est néfaste, d'autres comme le datura sont d'éternels assoiffés. Même après la pluie inspectez vos potées, elles risquent d'être sèches malgré tout, car souvent le feuillage fait écran et la pluie tombe à côté!

  • Le gazon: à moins de vouloir rivaliser avec le "green' du golf, il n'est pas nécessaire d'arroser régulièrement le gazon tout l'été. Un gazon rustique séchera et jaunira un peu en période de sécheresse, mais dès la première pluie il trouvera suffisamment d'énergie dans ses racines profondes pour reverdir.

L'ARROSAGE EN HIVER:

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, lorsqu'il ne pleut ou qu'il ne neige pas, il s'avère parfois nécessaire d'arroser en hiver. L'air peut être froid et sec à la fois. D'ailleurs il n'est que de voir comme le linge sèche bien certains jours!

    Tout d'abord, il faut savoir que les plantes respirent et transpirent à travers leurs feuilles et qu'elles évaporent ainsi de l'eau. Ce sont donc les plantes qui gardent leur feuillage en hiver (rhododendrons, camélias, conifères etc.) qui risquent d'avoir soif. C'est surtout le cas lorsque l'automne a été trop sec. La meilleure façon de parer à cet inconvénient, est de compenser le manque d'eau dans les plates-bandes de terre de bruyère et au pied de tous les buissons persistants au seuil de l'hiver. Plus tard en saison, arrosez lorsque le sol n'est pas gelé. Faites-le avant midi, pour que l'eau ait le temps de s'égoutter avant le gel de la nuit. Procédez de la même façon pour les bacs sur la terrasse ou le balcon.

AVEC QUELLE EAU ARROSER?

  • L'eau potable: c'est la solution la plus confortable, puisqu'il suffit d'ouvrir le robinet. Cependant distribuée sous pression, elle est chargée de minuscules bulles d'air, parfois de chlore (peu heureusement dans notre région). Pour arroser les plantes dans la maison, laissez reposer l'eau dans des bouteilles débouchées: en 24 H elle se libérera de tous ces gaz et se mettra à la température ambiante, ce que les végétaux apprécieront. Mais l'eau du robinet est et sera de plus en plus chère, ce qui représente une charge importante pour l'amateur de jardins opulents et de collections de plantes.

  • L'eau de pluie: c'est dit-on, la meilleure, et puis elle est gratuite! Il faut cependant installer un système de récupération à partir des gouttières et prévoir un fût ou une citerne de stockage. Les puristes conseillent même d'ignorer les premiers litres qui auront lavé le toit et seront chargés d'impuretés, ou d'adapter un filtre à la citerne.

  • L'eau de source ou de puits: elle a l'avantage d'être gratuite, dès lors que le puits a été installé, ce qui n'est pas très onéreux car ici l'eau est à faible profondeur: il suffit de creuser à 2-3 mètres. L'inconvénient est qu'elle est très froide (12-13°environ) ce qui représente un choc thermique pour les plantes surtout en période estivale. Il faudrait donc pouvoir la stocker en attendant qu'elle se réchauffe.

  • L'eau des étangs: elle est gratuite et à bonne température. Il faut installer une station de pompage et éviter que les déchets organiques en suspension ( algues, feuilles par ex.) n'obstruent les canalisations.

  • L'eau des rivières, des canaux: c'est une eau intéressante à condition qu'elle ne soit pas polluée par des substances toxiques ou des germes pathogènes.

  • 2. BINAGE ET PAILLAGE

    Il existe d'autres moyens d'économiser l'eau au jardin, en dehors de l'arrosage judicieux et pertinent:

    LE BINAGE
    • Après une pluie diluvienne, la surface de la terre à été lissée, bétonnée. En passant la binette, vous cassez la croûte. Esthétiquement, c'est plus joli et plus flatteur, car le jardin a un air plus soigné. Ensuite la prochaine pluie s'infiltrera facilement dans la terre, au lieu de ruisseler sur la pente ou de former des flaques fangeuses sur le plat, ce qui ne sera d'aucun bénéfice pour les plantes; la croûte de "béton" empêche le sol et donc les racines de respirer.

    • Biner la terre réduit l'évaporation de l'eau: vues à la loupe, les petites mottes de terre inégales forment autant de creux et de bosses, donc plus de zones d'ombre (même si elles sont minuscules) qu'une surface lisse totalement exposée au soleil; en outre, biner empêche le phénomène de capillarité qui fait remonter l'eau du sol à la surface où elle s'évapore.

    LE PAILLAGE
    • Le terme à la mode est le Mulching, de l'anglais mulch = couverture protectrice. Mais utilisons le terme français , le paillage qui est à l'origine une couche de paille répandue sur le sol entre les plantations. Par extension, il consiste à recouvrir une terre nue d'une litière souple de matériaux organiques.

    • Ces matériaux peuvent être d'origines diverses: branches et écorces broyées, tonte de gazon, feuilles, compost, plastique (plastique horticole noir), feutres en fibres végétales tissées et même, galets, gravier et sable.

    Le paillage peut remplir différentes fonctions:

    • En hiver il protège du froid, et en été de la chaleur.

    • Avec le temps tout paillis végétal est transformé en compost sous l'action des minuscules organismes vivant dans la terre.

    • Il entrave le développement des mauvaises herbes; et celles qui s'y fixent, s'arrachent facilement.

    • Il évite les éclaboussures de boue dues à la pluie, et enfin, il peut être décoratif et mettre en valeur certaines plantes (ex: dans un massif de terre de bruyère, paillis d'écorces duquel émergent à l'automne, des cyclamens rustiques). Outre ces fonctions, le paillage est un excellent moyen d'économiser l'eau au jardin: à l'abri du soleil et du vent, l'eau s'évapore moins vite du sol.

    Dans la pratique: évitez un paillis trop épais sous lequel la pourriture s'installerait (5 à 10 cm en moyenne, jusqu'à 20 cm au maximum). Les tontes de gazon pourrissent moins si elles ont été séchées au préalable.
    Au potager, un paillage fin peut réguler l'humidité et la température du sol et ainsi favoriser la culture des radis par exemple, ou des tomates (un bon paillis bien humide permet de les abandonner pendant une semaine de vacances).
    Au jardin d'ornement, le paillage ne gêne nullement la croissance des plantes déjà bien établies; mais évitez de couvrir vos jeunes semis; ils ont besoin de lumière et d'air pour bien germer et prospérer.

    REMARQUE IMPORTANTE!

      L'emploi de la tourbe véritable comme paillage est déconseillé, utilisez-la avec parcimonie, seulement lorsque vous ne pouvez la remplacer par un autre matériau, car c'est une richesse naturelle tirée des tourbières. Malheureusement, celles-ci sont en voie de disparition à la suite d'une exploitation à outrance. Or les tourbières mettent des milliers d'années à se constituer et donc à produire de la tourbe. Avec les tourbières disparaît tout un écosystème: plantes et faune typiques des marais et des tourbières.
      On trouve de plus en plus de produits de substitution à base de fibres, de cabosses de cacao ou de coquilles de noix de coco qui remplacent avantageusement et de façon écologique la tourbe.

    à suivre . . .

      L'Association pour la Protection de la Qualité de Vie à La Wantzenau adresse ses vifs remerciements au Service de l'ECOLOGIE URBAINE de la COMMUNAUTE URBAINE de STRASBOURG qui lui a accordé une importante subvention, grâce à laquelle la poursuite de ces publications est possible.

    Rédaction: Frédérique Aubertier - Illustration: André Boos
    Mise en page version papier: Joseph Baruthio - version Internet: Alain Hausknecht

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