Dans nos petits "jardins de banlieue", nous avons tous la même tendance à planter
des arbres et arbustes en grand nombre et de manière serrée pour obtenir un effet immédiat, alors que les végétaux
sont encore jeunes et peu développés. |
Lorsque l'hiver semble vouloir s'éloigner, laissant la place au printemps, les jeunes pousses drapent de vert tendre
les saules pleureurs sur les berges de l'Ill. C'est alors que beaucoup d'entre nous constatent que le temps de la taille
est passé puisque la sève est remontée dans les branches. D'abord l'hiver fut rude, et le gel persistant a empêché toute intervention au jardin, ensuite le temps a manqué à cause du brusque et spectaculaire redoux. Ne désespérons pas, la taille d'hiver n'est qu'une parmi d'autres tailles, et comme nous allons essayer de vous l'expliquer. |
1) Donner une forme régulière et esthétique: pendant la croissance, les arbres et arbustes développent en général de nombreux rameaux, et il arrive que certaines silhouettes en soient déséquilibrées. Avant de tailler, réfléchissez à la forme naturelle de l'arbre pour essayer de la respecter. Par exemple il serait dommage de couper la flèche d'un conifère dont la majesté réside justement dans cette forme élancée, ou de rogner les branches d'un pommier ou d'un cerisier pleureur, le privant par là même de la grâce qui nous l'avait fait choisir. C'est avant de les planter qu'il faut penser à leur réserver toute la place nécessaire à leur épanouissement harmonieux. 2) Entretenir la bonne santé: la taille vise en premier lieu à supprimer toutes les parties malades ainsi que tout le bois mort inutile, inesthétique et souvent porteur de champignons, bactéries et autres risques de maladies, pour éviter l'infection généralisée. Ce pourra être l'occasion de se débarrasser de colonies de pucerons, par exemple. 3) Obtenir une bonne floraison: un arbuste à fleurs abandonné à lui-même vieillit souvent mal. Comme son nom l'indique, il a été planté pour agrémenter le jardin de ses fleurs, or que se passe-t-il souvent au bout de quelques années, les vieilles branches fleurissent de moins en moins. |
4) Obtenir une bonne fructification: il suffit d'observer les vieux vergers pour voir qu'un arbre fruitier vieillit très vite et très mal en l'absence de soins adéquats. Très rapidement, il est envahi par de nombreux rameaux qui l'encombrent et empêchent l'air et le soleil de pénétrer sa ramure, si bien que même si la floraison a été généreuse, la récolte sera décevante, surtout du point de vue de la qualité des fruits. |
Les grosses tiges solides et en bonne santé peuvent porter et nourrir plus de nouvelles pousses que les tiges faibles et minces, on sait également que plus un arbuste est vigoureux, plus il devra être taillé long pour "l'épuiser" et donc le forcer à fleurir. De ces deux constatations, on conclut aisément qu'il faut tailler très court les branches et, par extension, les arbustes faibles, pour qu'ils aient moins de bourgeons à nourrir.
Deux branches qui se croisent risquent en frottant l'une sur l'autre de se blesser. Or toute blessure peut représenter une porte d'entrée à une maladie et donc un danger pour la santé de la plante. Tous les gourmands doivent être complètement supprimés dès leur apparition. Ce sont des repousses vigoureuses issues du tronc ou des racines du porte-greffe, la forme et la couleur de ses feuilles diffèrent de celles de la plante. Les gourmands détournent à leur profit la sève. La sève qui transporte dans les "veines" de la plante la nourriture qui la fera se développer, circule de bas en haut pour atteindre l'extrémité des pousses, et notamment le bourgeon "terminal" situé au bout de chaque branche. C'est lui qui en profitera le premier. Si vous regardez une branche de feuillu ou même de conifère, vous apercevez des nœuds, appelés bourgeons ou yeux, situés de part et d'autre de la tige. De manière générale, si vous supprimez le bois au-dessus d'un œil situé à gauche, celui-ci se retrouvant le plus haut placé, se mettra à bourgeonner et formera une branche qui se dirigera vers la gauche, il en ira de même pour un bourgeon situé à droite, devant, derrière etc. |
Une des grandes règles régissant la taille est de dégager le centre des arbustes pour permettre à la lumière et à l'air d'y pénétrer. Il convient donc de tailler au-dessus d'un nœud dirigé vers l'extérieur de la plante, et de supprimer toutes les branches faibles et se croisant au milieu de la ramure.
La taille à proprement parler:
Comment tailler:
Une coupe en biais cicatrise plus vite.
La coupe débute légèrement au-dessus du bourgeon à préserver, pour finir du côté opposé à la branche. Une coupe qui se termine au-dessus du bourgeon guide et concentre sur lui toute l'humidité néfaste (gouttes de pluie et de rosée).
Ne tailler ni trop près, ni trop loin du bourgeon, couper tout contre le bourgeon risque de l'endommager, couper trop loin de lui laisse un vilain moignon qui mourra ou qui émettra une touffe de repousses disgracieuses.
Les outils:
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Toute intervention lourde comme couper de grosses branches ou raccourcir fortement la ramure, c'est-à-dire rabattre un arbre ou une haie sera cependant effectuée de préférence en hiver, période de repos de végétation. Dans certains cas, (vieux et grands arbres ou haie devant être rabattus sévèrement), la taille ou élagage peut s'étaler sur plusieurs années pour leur permettre de survivre à une intervention traumatisante. Couper toutes les branches d'un coup peut signifier la mort lente ou brutale de l'arbre.
S'agissant de la taille d'entretien qui consiste à supprimer les rameaux défleuris, mal placés, malades ou en
surnombre, on peut tout tailler et tout au long de l'année à condition de garder en tête les généralités énumérées
plus haut et de connaître ces végétaux que l'on a plantés dans son jardin.
A l'exception des fruitiers, on taille après la floraison et non avant, pour ne pas supprimer la majeure partie des bourgeons à fleurs.
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Les arbustes qui fleurissent en été: (veigélias, spirées d'été, hibiscus de jardin, céanothes, arbre aux papillons, clématites d'été etc.), se taillent de la fin de l'hiver à fin mars environ. Ayez un peu plus de patience pour les arbustes plus frileux tels les caryoptéris ou les hortensias, les fleurs fanées de ces derniers protègent les bourgeons à fleurs des grosses gelées qui peuvent encore nous surprendre en avril et parfois plus tard.
Les fruitiers d'ornement: pommiers à fleurs cultivés autant pour leur floraison spectaculaire que pour leurs petits fruits décoratifs, pruniers, prunelliers, cerisiers, amandiers, pêchers à fleurs, (appartiennent d'ailleurs au genre Prunus et au de là, à la grande famille des Rosacées), supprimer le bois mort en fin d'hiver, de même que les petites branches en surnombre, à moins de les garder jusqu'après la floraison. On ne taille à vrai dire qu'en cas de nécessité.
Les rosiers: la plupart, notamment toutes les variétés remontantes, (remontant = qui fleurit tout l'été, de mai - juin aux gelées), fleurissent sur les pousses de l'année. Les autres, sarmenteux, (= grimpants issus de rosiers
botaniques), botaniques, anciens et quelques modernes fleurissent sur les pousses de l'année précédente,
et leur unique floraison annuelle, (mai - juin), est particulièrement spectaculaire. |
Les conifères: on prend les mêmes précautions que pour les feuillus, mais plus que ces derniers, de nombreux grands conifères et d'ailleurs toutes les espèces à grandes aiguilles ont une silhouette naturelle particulière plus difficile à respecter en cas de taille. Un conifère qui perd sa flèche, (maladie, accident), refera une autre flèche à partir d'un bourgeon de tête, question de temps pour lui et de patience pour vous!
La suppression d'une branche malade se dissimule plus facilement au milieu de nombreux rameaux. Essayez de
garder à la plante un aspect harmonieux, quitte à rétablir un équilibre en taillant une branche supplémentaire même
saine.
Enfin pour ceux qui aimeraient "juguler" la pousse de leur petit "conifère nain" sans avoir recours au sécateur,
"armés" de gants fins contre la résine, amusez-vous à réduire de moitié en pinçant avec les doigts, les pousses en
forme de chandelles qui apparaissent au printemps, (attendez qu'elles soient entièrement formées). On procède ainsi
avec les bonsaïs!
Les Haies: se taillent une ou deux fois par an. Mais les sujets isolés "sculptés" doivent rester nets pour garder leur charme, on les taille donc dès que les repousses gâchent leur silhouette. Une dernière taille avant les premières gelées, surtout pour les espèces caduques, et leurs formes structurées habillent votre jardin pendant toute la mauvaise saison, lui donnant un air soigné et accueillant. Sortez des sentiers battus, (ifs, buis. . .), et essayez des espèces à petites feuilles rustiques et faciles à sculpter, spirées de printemps, symphorines, cornouillers, chèvrefeuille en arbre (Lonicera nitida), lavande ou thym, (en haies basses pour encadrer une plate-bande), etc.
Maintenant à vos sécateurs, et que la taille fasse de vous des artistes!
L'Association pour la Protection de la Qualité de Vie à La Wantzenau adresse ses vifs remerciements au Service de l'ECOLOGIE URBAINE de la COMMUNAUTE URBAINE de STRASBOURG qui lui a accordé une importante subvention, grâce à laquelle la poursuite de ces publications est possible.
Mise en page version papier: Joseph Baruthio - version Internet: Alain Hausknecht |