AlainH

 

 

 

 

 

 

LA TAILLE AU FIL DES MOIS

Dans nos petits "jardins de banlieue", nous avons tous la même tendance à planter des arbres et arbustes en grand nombre et de manière serrée pour obtenir un effet immédiat, alors que les végétaux sont encore jeunes et peu développés.
Puis, quelque 3 à 5 ans plus tard, la végétation a envahi l'espace disponible, au risque de transformer le jardin en une jungle, où les plus faibles sont étouffés par les plus vivaces, qui ne sont pas forcément les plus recherchés ou les plus beaux. L'urgence d'y mettre de l'ordre nous précipite sur le sécateur. . . Mais pas de panique, le temps ne presse pas forcément!

Lorsque l'hiver semble vouloir s'éloigner, laissant la place au printemps, les jeunes pousses drapent de vert tendre les saules pleureurs sur les berges de l'Ill. C'est alors que beaucoup d'entre nous constatent que le temps de la taille est passé puisque la sève est remontée dans les branches. D'abord l'hiver fut rude, et le gel persistant a empêché toute intervention au jardin, ensuite le temps a manqué à cause du brusque et spectaculaire redoux.
Que faire, attendre l'hiver prochain?

Ne désespérons pas, la taille d'hiver n'est qu'une parmi d'autres tailles, et comme nous allons essayer de vous l'expliquer.

On peut tailler presque tout au long de l'année, à condition de savoir
QUOI, POURQUOI, et COMMENT!

 

1. POURQUOI TAILLER

Outre le besoin de faire de la place à tout le monde, la taille est nécessaire pour plusieurs raisons:

1) Donner une forme régulière et esthétique: pendant la croissance, les arbres et arbustes développent en général de nombreux rameaux, et il arrive que certaines silhouettes en soient déséquilibrées. Avant de tailler, réfléchissez à la forme naturelle de l'arbre pour essayer de la respecter. Par exemple il serait dommage de couper la flèche d'un conifère dont la majesté réside justement dans cette forme élancée, ou de rogner les branches d'un pommier ou d'un cerisier pleureur, le privant par là même de la grâce qui nous l'avait fait choisir. C'est avant de les planter qu'il faut penser à leur réserver toute la place nécessaire à leur épanouissement harmonieux.
Parfois on aimerait mettre en valeur les branches principales qui forment la charpente de l'arbre, ou une écorce particulièrement attrayante, mais qui sont noyées et dépréciées par une multitude de rameaux fins et désordonnés.
Alors n'attendez pas que votre arbuste soit vieux, dégarni ou inextricable pour intervenir!

2) Entretenir la bonne santé: la taille vise en premier lieu à supprimer toutes les parties malades ainsi que tout le bois mort inutile, inesthétique et souvent porteur de champignons, bactéries et autres risques de maladies, pour éviter l'infection généralisée. Ce pourra être l'occasion de se débarrasser de colonies de pucerons, par exemple.

3) Obtenir une bonne floraison: un arbuste à fleurs abandonné à lui-même vieillit souvent mal. Comme son nom l'indique, il a été planté pour agrémenter le jardin de ses fleurs, or que se passe-t-il souvent au bout de quelques années, les vieilles branches fleurissent de moins en moins.

4) Obtenir une bonne fructification: il suffit d'observer les vieux vergers pour voir qu'un arbre fruitier vieillit très vite et très mal en l'absence de soins adéquats. Très rapidement, il est envahi par de nombreux rameaux qui l'encombrent et empêchent l'air et le soleil de pénétrer sa ramure, si bien que même si la floraison a été généreuse, la récolte sera décevante, surtout du point de vue de la qualité des fruits.
Il n'est pas question de faire ici un cours d'arboriculture, la taille des arbres fruitiers se fait traditionnellement à la fin de l'hiver et répond à des règles plutôt strictes. Si vous avez beaucoup d'arbres fruitiers, il serait intéressant de participer à un cours de taille dispensé par un professionnel, (apprendre notamment à reconnaître bourgeons à fleurs et bourgeons à bois). Tous les ans, les sociétés d'arboriculture en annoncent par voie de presse.
Néanmoins les règles élémentaires à respecter sont les mêmes, qu'il s'agisse des arbres fruitiers ou des arbustes d'ornement, dès lors que vous avez recours au sécateur.

2. COMMENT TAILLER?
Généralités:

Les grosses tiges solides et en bonne santé peuvent porter et nourrir plus de nouvelles pousses que les tiges faibles et minces, on sait également que plus un arbuste est vigoureux, plus il devra être taillé long pour "l'épuiser" et donc le forcer à fleurir. De ces deux constatations, on conclut aisément qu'il faut tailler très court les branches et, par extension, les arbustes faibles, pour qu'ils aient moins de bourgeons à nourrir.

Deux branches qui se croisent risquent en frottant l'une sur l'autre de se blesser. Or toute blessure peut représenter une porte d'entrée à une maladie et donc un danger pour la santé de la plante.

Tous les gourmands doivent être complètement supprimés dès leur apparition. Ce sont des repousses vigoureuses issues du tronc ou des racines du porte-greffe, la forme et la couleur de ses feuilles diffèrent de celles de la plante. Les gourmands détournent à leur profit la sève.

La sève qui transporte dans les "veines" de la plante la nourriture qui la fera se développer, circule de bas en haut pour atteindre l'extrémité des pousses, et notamment le bourgeon "terminal" situé au bout de chaque branche. C'est lui qui en profitera le premier. Si vous regardez une branche de feuillu ou même de conifère, vous apercevez des nœuds, appelés bourgeons ou yeux, situés de part et d'autre de la tige. De manière générale, si vous supprimez le bois au-dessus d'un œil situé à gauche, celui-ci se retrouvant le plus haut placé, se mettra à bourgeonner et formera une branche qui se dirigera vers la gauche, il en ira de même pour un bourgeon situé à droite, devant, derrière etc.
A partir de cette observation simple, vous pouvez diriger par la taille la pousse d'un arbuste, essayez pour voir, avec un rosier vigoureux!

Une des grandes règles régissant la taille est de dégager le centre des arbustes pour permettre à la lumière et à l'air d'y pénétrer. Il convient donc de tailler au-dessus d'un nœud dirigé vers l'extérieur de la plante, et de supprimer toutes les branches faibles et se croisant au milieu de la ramure.

La taille à proprement parler:

Comment tailler:

Les outils:
  • Toutes les coupes doivent être franches et nettes, pour favoriser une bonne cicatrisation, il faut donc des outils bien affûtés.

  • Bien tenir le sécateur, la lame tranchante et large se trouve du côté de la branche qui restera en place, l'enclume qui est la lame étroite et épaisse écrase la partie supprimée.

  • Le sécateur, la scie, le couteau etc., servant également à couper des branches malades, il faut désinfecter à l'alcool ou à la flamme pour ne pas transmettre de maladie.

  • Toute coupe d'un diamètre supérieur à 2 cm doit être mastiquée pour permettre une cicatrisation à l'abri des maladies, les mastics ou baumes cicatrisants sont à base de résine ou de goudron et s'achètent en jardinerie sous forme de pâtes, d'aérosols ou de tubes genre "cirage" (très pratiques).

  • Taille-haie ou cisaille pour les haies ou les sujets sculptés, le taille-haie convient aux végétaux à petites feuilles, par contre les grandes feuilles sont déchiquetées ce qui est très souvent inesthétique, alors une solution, cisaille et huile de coude!

3. QUAND DOIT-ON TAILLER

Toute intervention lourde comme couper de grosses branches ou raccourcir fortement la ramure, c'est-à-dire rabattre un arbre ou une haie sera cependant effectuée de préférence en hiver, période de repos de végétation. Dans certains cas, (vieux et grands arbres ou haie devant être rabattus sévèrement), la taille ou élagage peut s'étaler sur plusieurs années pour leur permettre de survivre à une intervention traumatisante. Couper toutes les branches d'un coup peut signifier la mort lente ou brutale de l'arbre.
S'agissant de la taille d'entretien qui consiste à supprimer les rameaux défleuris, mal placés, malades ou en surnombre, on peut tout tailler et tout au long de l'année à condition de garder en tête les généralités énumérées plus haut et de connaître ces végétaux que l'on a plantés dans son jardin.

A l'exception des fruitiers, on taille après la floraison et non avant, pour ne pas supprimer la majeure partie des bourgeons à fleurs.

  • Les arbustes qui fleurissent en hiver: ( viorne odorante, hamamélis, jasmin d'hiver etc.), ou au printemps, ( forsythia, cornouiller, cognassier dit "Pommier" du Japon, groseillier à fleurs, cerisier du Japon, viornes et notamment viorne "Boule de neige", deutzia, spirées de printemps etc.), se taillent tout de suite après la fin de la floraison. On supprime les rameaux qui ont porté beaucoup de fleurs et on en profite pour redonner une silhouette correcte à la plante.
    Faites une exception pour le lilas qui supporte très mal une taille à proprement parler, car les bourgeons qui donneront des fleurs l'année suivante sont déjà présents. La "taille" se réduira à prélever quelques belles branches, (les plus hautes ou les plus mal placées), pour confectionner des bouquets.
    Il y a bien sûr les cotonéasters ou les buissons ardents dont les baies rouges, jaunes ou oranges illuminent les jardins en automne et en hiver, et qui supportent des tailles même sévères. Ayez une pensée charitable pour les oiseaux, car eux se régaleraient volontiers de leurs fruits.

  • Les rosiers: la plupart, notamment toutes les variétés remontantes, (remontant = qui fleurit tout l'été, de mai - juin aux gelées), fleurissent sur les pousses de l'année. Les autres, sarmenteux, (= grimpants issus de rosiers botaniques), botaniques, anciens et quelques modernes fleurissent sur les pousses de l'année précédente, et leur unique floraison annuelle, (mai - juin), est particulièrement spectaculaire.
    Dans nos régions à hivers froids il faut proscrire la taille d'automne. Raccourcir seulement les longues branches de certains grands rosiers comme le "Queen Elisabeth" pour éviter que les bourrasques de vent d'hiver ne les endommagent.
    Les rosiers remontants se taillent juste à la reprise de la végétation, (chez nous il vaut mieux attendre avril!), ensuite on supprime régulièrement les fleurs fanées en coupant au-dessus d'un œil bien placé pour favoriser une nouvelle floraison.
    Les autres rosiers ne se taillent pas, mais on les "nettoie" et on leur redonne forme après la floraison.
    On ne laisse que les fleurs fanées des rosiers botaniques cultivés pour la beauté de leurs fruits.
    Cependant pour avoir des rosiers en bonne santé, il ne faut pas hésiter à supprimer à n'importe quelle saison (sauf en période de gel), toute tige malade ou morte, faible ou abîmée.

  • Les conifères: on prend les mêmes précautions que pour les feuillus, mais plus que ces derniers, de nombreux grands conifères et d'ailleurs toutes les espèces à grandes aiguilles ont une silhouette naturelle particulière plus difficile à respecter en cas de taille. Un conifère qui perd sa flèche, (maladie, accident), refera une autre flèche à partir d'un bourgeon de tête, question de temps pour lui et de patience pour vous!
    La suppression d'une branche malade se dissimule plus facilement au milieu de nombreux rameaux. Essayez de garder à la plante un aspect harmonieux, quitte à rétablir un équilibre en taillant une branche supplémentaire même saine.
    Enfin pour ceux qui aimeraient "juguler" la pousse de leur petit "conifère nain" sans avoir recours au sécateur, "armés" de gants fins contre la résine, amusez-vous à réduire de moitié en pinçant avec les doigts, les pousses en forme de chandelles qui apparaissent au printemps, (attendez qu'elles soient entièrement formées). On procède ainsi avec les bonsaïs!

  • Les Haies: se taillent une ou deux fois par an. Mais les sujets isolés "sculptés" doivent rester nets pour garder leur charme, on les taille donc dès que les repousses gâchent leur silhouette. Une dernière taille avant les premières gelées, surtout pour les espèces caduques, et leurs formes structurées habillent votre jardin pendant toute la mauvaise saison, lui donnant un air soigné et accueillant. Sortez des sentiers battus, (ifs, buis. . .), et essayez des espèces à petites feuilles rustiques et faciles à sculpter, spirées de printemps, symphorines, cornouillers, chèvrefeuille en arbre (Lonicera nitida), lavande ou thym, (en haies basses pour encadrer une plate-bande), etc.

    Maintenant à vos sécateurs, et que la taille fasse de vous des artistes!

    à suivre . . .

    Rédaction: Frédérique Aubertier - Illustration: André Boos
    Mise en page version papier: Joseph Baruthio - version Internet: Alain Hausknecht

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